mercredi 12 septembre 2007

PRESENTATION GENERALE: Philosophie, Pratique, Pratique de la philosophie

Trois journées d'études organisées en 2007-2008 au sein du laboratoire EXeCO (Université Paris I), en partenariat avec l'Université Paris IV et l'Université Grenoble II (PLC)
Les journées auront lieu au 17, rue de la Sorbonne - UFR de Philosophie (sauf indication contraire ci-dessous)

On a souvent parlé de la philosophie comme d’une discipline essentiellement spéculative, opposée en cela au domaine des pratiques. Pourtant, on s’aperçoit que, dans de nombreux cas, il n’est pas possible d’extraire la philosophie de son rapport à la pratique. On peut penser par exemple à la métaphysique dont le développement s’est parfois avéré dépendre de l’état de la connaissance scientifique. De même, en éthique, le rapport à la pratique a une influence directe sur la méthodologie qui est mise en œuvre. A tel point que l’on a parfois été jusqu’à affirmer que la philosophie était elle-même une forme de pratique ou encore une activité, ce qui a permis de renouer avec une conception qui a pu être celle de l’Antiquité.

Cette interrogation sur le rapport entre philosophie et pratique est d’autant plus pertinente aujourd’hui que la connaissance ne se donne plus comme reposant sur un fondement a priori fourni par la philosophie. Si ce n’est pas de cette dernière que la connaissance tire son fondement, quel pourrait être alors le rôle de la philosophie sinon celui d’être une pratique ? C’est donc dans un rapport méthodologique plutôt que fondationnel à la connaissance que la philosophie peut trouver sa place, en tant que pratique en rapport avec d’autres pratiques.

Nous proposons trois journées d'études dont chacune examinera un des aspects de la relation entre philosophie et pratique. La première journée, intitulée « La science, un modèle pour la métaphysique ? », s’interroge sur l’étendue de l’impact que la pratique de la science peut avoir sur les constructions métaphysiques. La deuxième journée analyse l'interface entre la philosophie entendue comme pratique, la psychologie et les sciences de la nature, en engageant un dialogue entre Goethe, Lichtenberg et Wittgenstein. Enfin, la troisième journée se propose d’étudier la diversité des contextes du particularisme moral, en se demandant comment les pratiques peuvent donner un sens à l’éthique face à l’absence de principes moraux.

Delphine BELLIS, Etienne BRUN-ROVET,
Sabine PLAUD, Anna C. ZIELINSKA

mardi 4 septembre 2007

TROISIEME JOURNEE: L’éthique sans principes: la diversité des contextes du particularisme moral


L’éthique sans principes :
la diversité des contextes du particularisme moral

journée internationale organisée au sein de l’équipe ExeCo,

Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Samedi 10 mai 2008
Centre Panthéon : 12, place du Panthéon, 75005 Paris, Salle 1
contact : a.c.zielinska@gmail.com

Programme
09h00 Sandra Laugier (UPJV, Amiens ; CURAPP), « Ethics and Attention to Particulars »
10h00 Solange Chavel (UPJV, Amiens ;
CURAPP), « Se passer des principes dans le raisonnement moral ? Sur l’usage du mot “principe” »
10h30 Smadar Bustan (University of Luxembourg), « The limits of an ethics without principles with Levinas and Putnam »
11h00 Pause café
11h30 Nora Hämäläinen (University of Helsinki), « Two particularisms – between Dancy and Swansea »
12h00 Darragh Byrne (University of Birmingham), « Moral particularism: epistemology or metaphysics? »
12h30 Philipp Schwind (Collegium Oecumenicum, München), « Does holism imply moral particularism? »
13h00 Déjeuner
14h30 John Skorupski (University of St. Andrews),
« Knowledge of Reasons; Self-determination and Warrantable Reasons »
15h30 Anna Bergqvist (University of Reading), « Particularism and Semantic Normativity »
16h00 Pause café
16h30 Pekka Väyrynen (University of California, Davis), « Explaining Exceptions in Ethics »
17h00 Alan Thomas (University of Kent), « Another Particularism: Reason, ‘Status’ and Defaults »
17h45 Jonathan Dancy (University of Reading, University of Texas, Austin), « Particularism in Epistemology »


La philosophie britannique est confrontée aujourd’hui à un nouveau défi, portant le nom de particularisme moral. Les thèses de cette position ont été formulées par écrit pour la première fois dans la revue
Mind en 1981, et réaffirmées plus fortement encore en 1983, par Jonathan Dancy. Se situant dans la lignée intuitionniste, Dancy affine les idées propres à ce courant en s’inspirant en partie des travaux de John McDowell, sans hésiter à faire référence à Wittgenstein, et, en passant, à Jean-Paul Sartre. Il aboutit ainsi à une forme d’anti-anti-réalisme dans la philosophie morale, dont les deux caractéristiques principales sont les suivantes : il n’y a pas de principes moraux et la sphère morale ne représente pas quelque chose d’exceptionnel par rapport à toutes les autres sphères. Dancy ajoute à cela l’idée du holisme des raisons, selon lequel ce qui peut être une raison pour faire une chose dans une situation peut ne pas l’être du tout dans une autre, ce qui exige de nous la prise en compte attentive de l’ensemble de raisons d’agir dans une situation donnée et la nouvelle situation dans laquelle elles nous plongent.

La tradition de l’attention aux particuliers en France ne s’est pourtant pas arrêtée avec Sartre. Dans la philosophie morale la plus contemporaine, nous observons un intérêt constant accordé aux approches qui refusent les réponses générales et qui se méfient des principes, cela aussi bien du côté des penseurs de tradition analytique que continentale. Nous aimerions ainsi confronter un des courants de la pensée morale les plus vifs dans le monde anglophone à des idées proposées par des penseurs qui n’appartiennent pas directement à la même tradition de la réflexion méta-éthique, mais dont les méthodes, analyses et conclusions pourraient peut-être contribuer à la compréhension des nouvelles exigences et attentes qui émergent au sein de la philosophie morale aujourd’hui. Un contexte métaéthique plus large sera présenté par John Skorupski, travaillant sur les raisons et la normativité.

Les idées de Dancy provoquent de nombreux débats, surtout depuis les années 2000. Il existe des livres, des recueils de textes et des dizaines, sinon des centaines d’articles polémiques avec les thèses du particularisme moral. Nous avons invité les chercheurs français et étrangers à participer à ce débat fascinant, dans le cadre d’une journée d’études au sein de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous l’égide du laboratoire ExeCo.


Anna C. ZIELINSKA
Université Pierre Mendès France, Grenoble 2


lundi 3 septembre 2007

DEUXIEME JOURNEE: Goethe-Lichtenberg-Wittgenstein: Philosophie, Psychologie, Sciences de la nature

Goethe-Lichtenberg-Wittgenstein :

Philosophie, Psychologie, Sciences de la Nature

Journée d’études Internationale

Samedi 15 mars 2008

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Journée organisée avec le soutien du DAAD

Centre Panthéon : 12, place du Panthéon, 75005 Paris, Salle 1

Organisation : Sabine PLAUD

Contact : Sabine.Plaud@univ-paris1.fr

Présentation de la journée (en .doc)

Matinée : Session « Vie, action, expression - Wittgenstein et Goethe »


Présidence : Valérie Aucouturier (Université Paris 1, Kent)

9h : Accueil des participants

9h15 : Remarques introductives

9h30 : Eli Friedlander (Université de Tel-Aviv) - « Wittgenstein, Goethe and the Life of Colors »

10h15 : Sabine Plaud (Université Paris 1, EXeCO) - « “That is not an experience, it is an idea ”: Wittgenstein on Morphology and primal phenomena »

11h : Pause café

11h15 : Antonia Soulez (Université Paris 8 – MSH Paris Nord) - « Une philosophie de l’acte sans théorie de l’action »

12h : Emmanuel Halais (UPJV) : « Wittgenstein, philosophie et expression de soi »

12h45 : Pause déjeuner


Après-midi : Session « Pour une nouvelle physionomie du langage : Wittgenstein et Lichtenberg »

14h30 : Alfred Nordmann (TU Darmstadt, University of South Carolina, Lichtenberg-Gesellschaft) - « Goethe, Lichtenberg, Wittgenstein: "A Picture Held Us Captive" »

15h15 : Elise Marrou (Université Paris 10, EXeCO) - « Le Witz de la tyrannie orientale : présentation grammaticale ou expérience de pensée? »

16h : Pause café

16h15 : Klaus Speidel (Université Paris 4) - « Change of perspective as a heuristic device in Lichtenberg’s and Wittgenstein’s thought »

17h : Sophie Djigo (UPJV) - « Witz et satire chez Lichtenberg et Wittgenstein : un autre ton pour la philosophie »

17h45 : Clôture de la journée

samedi 1 septembre 2007

PREMIERE JOURNEE: La science, un modèle pour la métaphysique ?

Date : 8 décembre 2007

Lieu : Ecole normale supérieure (45, rue d'Ulm), Salle Cavaillès (Escalier A, 1er étage)

Programme :

9h00-9h15 Delphine BELLIS et Etienne BRUN-ROVET
Introduction de la journée
9h15-10h15 Delphine BELLIS (Paris IV)
La métaphysique cartésienne et ses modèles optiques
10h15-11h15 Marion CHOTTIN (Paris I)
Science et métaphysique chez Berkeley
PAUSE
11h45-12h45 Anna ZIELINSKA (Grenoble II)
Ontologie comme organon. Repenser la place de la métaphysique dans le travail du scientifique
PAUSE DEJEUNER
14h00-15h00 Anastasios BRENNER (Montpellier III)
Vérité scientifique, vérité métaphysique
15h00-16h00 Etienne BRUN-ROVET (EXeCO)
La science comme test des théories métaphysiques
PAUSE
16h30-17h30 Don ROSS (Cape Town/Alabama)
Non-domesticating metaphysics

Résumé du thème de la journée :

Dans une approche classique, la métaphysique a été thématisée comme la recherche des principes et des premières causes et c’est à ce titre qu’elle constitue a fortiori le fondement de la physique ou, plus globalement, de la science comprise comme l’ensemble des disciplines scientifiques. Elle offre en effet à la science des principes relevant de l’ontologie ou encore d’une théologie rationnelle. Descartes, dans l’image de l’arbre de la « philosophie » qu’il nous offre dans la lettre-préface des Principes de la Philosophie, représente ainsi la métaphysique comme les racines de l’arbre dont le tronc est constitué par la physique, et les branches par les sciences particulières que sont la médecine, la mécanique et la morale. Pourtant, l’étymologie bien connue du terme « métaphysique » qui la désigne comme ce qui vient après la physique (bien que, comme on le sait, cette dénomination renvoie d’abord à l’ordre d’édition des œuvres d’Aristote), peut nous conduire à envisager la possibilité que la métaphysique, bien que fondatrice dans son ambition, arrive toujours « après » la science. Autrement dit, ne doit-on pas considérer que l’œuvre normative et fondatrice de la métaphysique puisse aussi intervenir, dans la constitution du savoir, après l’élaboration des théories scientifiques et puisse même s’en nourrir ? Nous pourrions envisager par là un écart entre la fonction assignée de droit à la métaphysique et son élaboration particulière, écart qui n’est pas sans travailler les constructions métaphysiques dès l’âge classique et avant même l’époque positiviste.

Mais c’est à partir de cette époque et, en particulier, au cours du dernier siècle que la question de la relation entre la connaissance scientifique et la métaphysique a connu de profonds bouleversements. Dans la mesure où l’essor de la science correspond à l’émergence d’une conception positiviste de la science, voire à une forme exacerbée de scientisme, il n’est plus possible d’affirmer dogmatiquement, même dans un cadre post-positiviste, la priorité conceptuelle d’une étude des formes de l’être à l’étude des phénomènes naturels. Cependant, la question n’est pas pour autant totalement évacuée. En effet, deux stratégies ont été mobilisées pour rendre compte de la relation que pourraient entretenir les constructions proprement scientifiques avec leurs prétendus fondements inaccessibles par des méthodes empiriques, fondements qui, par leur nature même, sont à tout jamais invisibles. La première stratégie consiste à rendre explicite les présupposés non empiriques de la science (réalisme, lois de la nature, causalité), à les critiquer et, éventuellement, à les reformuler de telle sorte à ce qu’ils soient compatibles avec la pratique scientifique telle qu’elle ressort de l’observation du travail des savants. C'est dans le cadre de cette stratégie que l'on a remis en question l’universalité des lois de la nature et que l'on a proposé une ontologie des pouvoirs causaux compatibles avec l’observation scientifique. Or cette voie consiste en fin de compte à imposer un test de compatibilité que toute conception métaphysique devrait passer avant son acceptation (provisoire) par la communauté scientifique. La science serait alors le moyen par lequel on pourrait éventuellement trancher entre différentes théories métaphysiques, mais la métaphysique est alors encore conçue comme le fondement de la science. Il existe cependant une seconde voie qui opère un renversement plus franc du rapport entre science et métaphysique. Cette stratégie considère que, loin de fonder la science, la métaphysique elle-même doit être naturalisée. Il ne s’agit donc plus de déterminer quelle ontologie convient pour la science, mais au contraire de traiter les questions ontologiques par des méthodes relevant de la science. Cette conception de la métaphysique permettrait, en outre, de répondre à la question de l’unité de la science en invoquant des arguments insoupçonnés par les positivistes.

Nous nous attacherons, lors de cette journée, à explorer les conséquences de ces différents degrés de naturalisation sur les questions actuelles en philosophie des sciences, notamment en ce qui concerne le réalisme scientifique, les lois de la nature et l’unité des sciences. Il s’agira de s’interroger sur la possibilité que la science soit, en dernière analyse, le modèle ultime pour la métaphysique, et ce tant au sens méthodologique que dans l’acception formelle du terme « modèle ». La science pourrait en effet constituer un modèle pour la métaphysique à divers titres. Elle est susceptible de lui fournir sa structure ou encore une méthode. Mais elle peut aussi constituer un point de référence à la dimension normative variable ou encore produire des schèmes, des paradigmes rationnels, que la métaphysique saura reprendre à son compte et à son profit, en les transposant dans son champ propre.

Delphine BELLIS et Etienne BRUN-ROVET