samedi 1 septembre 2007

PREMIERE JOURNEE: La science, un modèle pour la métaphysique ?

Date : 8 décembre 2007

Lieu : Ecole normale supérieure (45, rue d'Ulm), Salle Cavaillès (Escalier A, 1er étage)

Programme :

9h00-9h15 Delphine BELLIS et Etienne BRUN-ROVET
Introduction de la journée
9h15-10h15 Delphine BELLIS (Paris IV)
La métaphysique cartésienne et ses modèles optiques
10h15-11h15 Marion CHOTTIN (Paris I)
Science et métaphysique chez Berkeley
PAUSE
11h45-12h45 Anna ZIELINSKA (Grenoble II)
Ontologie comme organon. Repenser la place de la métaphysique dans le travail du scientifique
PAUSE DEJEUNER
14h00-15h00 Anastasios BRENNER (Montpellier III)
Vérité scientifique, vérité métaphysique
15h00-16h00 Etienne BRUN-ROVET (EXeCO)
La science comme test des théories métaphysiques
PAUSE
16h30-17h30 Don ROSS (Cape Town/Alabama)
Non-domesticating metaphysics

Résumé du thème de la journée :

Dans une approche classique, la métaphysique a été thématisée comme la recherche des principes et des premières causes et c’est à ce titre qu’elle constitue a fortiori le fondement de la physique ou, plus globalement, de la science comprise comme l’ensemble des disciplines scientifiques. Elle offre en effet à la science des principes relevant de l’ontologie ou encore d’une théologie rationnelle. Descartes, dans l’image de l’arbre de la « philosophie » qu’il nous offre dans la lettre-préface des Principes de la Philosophie, représente ainsi la métaphysique comme les racines de l’arbre dont le tronc est constitué par la physique, et les branches par les sciences particulières que sont la médecine, la mécanique et la morale. Pourtant, l’étymologie bien connue du terme « métaphysique » qui la désigne comme ce qui vient après la physique (bien que, comme on le sait, cette dénomination renvoie d’abord à l’ordre d’édition des œuvres d’Aristote), peut nous conduire à envisager la possibilité que la métaphysique, bien que fondatrice dans son ambition, arrive toujours « après » la science. Autrement dit, ne doit-on pas considérer que l’œuvre normative et fondatrice de la métaphysique puisse aussi intervenir, dans la constitution du savoir, après l’élaboration des théories scientifiques et puisse même s’en nourrir ? Nous pourrions envisager par là un écart entre la fonction assignée de droit à la métaphysique et son élaboration particulière, écart qui n’est pas sans travailler les constructions métaphysiques dès l’âge classique et avant même l’époque positiviste.

Mais c’est à partir de cette époque et, en particulier, au cours du dernier siècle que la question de la relation entre la connaissance scientifique et la métaphysique a connu de profonds bouleversements. Dans la mesure où l’essor de la science correspond à l’émergence d’une conception positiviste de la science, voire à une forme exacerbée de scientisme, il n’est plus possible d’affirmer dogmatiquement, même dans un cadre post-positiviste, la priorité conceptuelle d’une étude des formes de l’être à l’étude des phénomènes naturels. Cependant, la question n’est pas pour autant totalement évacuée. En effet, deux stratégies ont été mobilisées pour rendre compte de la relation que pourraient entretenir les constructions proprement scientifiques avec leurs prétendus fondements inaccessibles par des méthodes empiriques, fondements qui, par leur nature même, sont à tout jamais invisibles. La première stratégie consiste à rendre explicite les présupposés non empiriques de la science (réalisme, lois de la nature, causalité), à les critiquer et, éventuellement, à les reformuler de telle sorte à ce qu’ils soient compatibles avec la pratique scientifique telle qu’elle ressort de l’observation du travail des savants. C'est dans le cadre de cette stratégie que l'on a remis en question l’universalité des lois de la nature et que l'on a proposé une ontologie des pouvoirs causaux compatibles avec l’observation scientifique. Or cette voie consiste en fin de compte à imposer un test de compatibilité que toute conception métaphysique devrait passer avant son acceptation (provisoire) par la communauté scientifique. La science serait alors le moyen par lequel on pourrait éventuellement trancher entre différentes théories métaphysiques, mais la métaphysique est alors encore conçue comme le fondement de la science. Il existe cependant une seconde voie qui opère un renversement plus franc du rapport entre science et métaphysique. Cette stratégie considère que, loin de fonder la science, la métaphysique elle-même doit être naturalisée. Il ne s’agit donc plus de déterminer quelle ontologie convient pour la science, mais au contraire de traiter les questions ontologiques par des méthodes relevant de la science. Cette conception de la métaphysique permettrait, en outre, de répondre à la question de l’unité de la science en invoquant des arguments insoupçonnés par les positivistes.

Nous nous attacherons, lors de cette journée, à explorer les conséquences de ces différents degrés de naturalisation sur les questions actuelles en philosophie des sciences, notamment en ce qui concerne le réalisme scientifique, les lois de la nature et l’unité des sciences. Il s’agira de s’interroger sur la possibilité que la science soit, en dernière analyse, le modèle ultime pour la métaphysique, et ce tant au sens méthodologique que dans l’acception formelle du terme « modèle ». La science pourrait en effet constituer un modèle pour la métaphysique à divers titres. Elle est susceptible de lui fournir sa structure ou encore une méthode. Mais elle peut aussi constituer un point de référence à la dimension normative variable ou encore produire des schèmes, des paradigmes rationnels, que la métaphysique saura reprendre à son compte et à son profit, en les transposant dans son champ propre.

Delphine BELLIS et Etienne BRUN-ROVET

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