On a souvent parlé de la philosophie comme d’une discipline essentiellement spéculative, opposée en cela au domaine des pratiques. Pourtant, on s’aperçoit que, dans de nombreux cas, il n’est pas possible d’extraire la philosophie de son rapport à la pratique. On peut penser par exemple à la métaphysique dont le développement s’est parfois avéré dépendre de l’état de la connaissance scientifique. De même, en éthique, le rapport à la pratique a une influence directe sur la méthodologie qui est mise en œuvre. A tel point que l’on a parfois été jusqu’à affirmer que la philosophie était elle-même une forme de pratique ou encore une activité, ce qui a permis de renouer avec une conception qui a pu être celle de l’Antiquité.
Cette interrogation sur le rapport entre philosophie et pratique est d’autant plus pertinente aujourd’hui que la connaissance ne se donne plus comme reposant sur un fondement a priori fourni par la philosophie. Si ce n’est pas de cette dernière que la connaissance tire son fondement, quel pourrait être alors le rôle de la philosophie sinon celui d’être une pratique ? C’est donc dans un rapport méthodologique plutôt que fondationnel à la connaissance que la philosophie peut trouver sa place, en tant que pratique en rapport avec d’autres pratiques.
Nous proposons trois journées d'études dont chacune examinera un des aspects de la relation entre philosophie et pratique. La première journée, intitulée « La science, un modèle pour la métaphysique ? », s’interroge sur l’étendue de l’impact que la pratique de la science peut avoir sur les constructions métaphysiques. La deuxième journée analyse l'interface entre la philosophie entendue comme pratique, la psychologie et les sciences de la nature, en engageant un dialogue entre Goethe, Lichtenberg et Wittgenstein. Enfin, la troisième journée se propose d’étudier la diversité des contextes du particularisme moral, en se demandant comment les pratiques peuvent donner un sens à l’éthique face à l’absence de principes moraux.
Sabine PLAUD, Anna C. ZIELINSKA